Quand court la rumeur…
- Dr Diahou
- 21 oct. 2015
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 avr. 2019

Vous savez tous ce que c’est que la rumeur. Ces petites ou grandes cochonneries dignes des cours communes des quartiers mal famés et véhiculées par les sorciers et retro-psy des temps modernes, bouffis par la jalousie et un mal-être névrotique. Ces individus complexés, sournois et lâches à souhait qui se cachent derrière un clavier d’ordinateur pour véhiculer des fausses infos, qui finissent toujours par vous parvenir!
Il m’est arrivé d’en être l’objet deux ou trois fois au cours de ma vie. Et je dois l’avouer, cela me surprend presque toujours. Ainsi j’ai appris que j’étais criblé de dettes, dans une période où paradoxalement, mes revenus me permettaient d’offrir à ma famille une villa avec piscine, voitures et personnel de maison, chauffeurs y compris, aux Vallons, près de l’ambassade du Ghana, à Abidjan. On peut toujours tenter d’enrayer la rumeur, en rassurant que tout va bien… il n’en reste pas moins les bruits qui courent et malgré les explications, on observe dans le regard des gens un petit malaise qui laisse entrouverte la porte du doute. Après tout, il n’y a pas de fumée sans feu non ?
Alors, il est humain de vouloir enrayer la rumeur. Mais l’arme la plus redoutable en pareille situation est la dérision ! Ainsi, quand une amie m’a appris ma séropositivité il y a de cela quelques mois, je me suis montré très surpris, le sourire en coin. Je lui ai dit qu’elle tenait là le scoop de l’année. Et que moi-même, le concerné, je n’étais pas au courant. C’est fou et méchant comme les gens perdent du temps à utiliser leur cerveau à inventer des choses fausses! Et puis récidive! Il y a quelques semaines, j’ai décidé de liquider mon entreprise et ne plus recevoir physiquement des patients, sauf conseiller et vendre mes produits en ligne. Et voilà alimenté le feu de la rumeur. On ne lâche pas subitement, une œuvre de plus de 25 ans, à 56 ans, s’il n’y a pas un problème majeur ! Les rumeurs les plus folles ont donc repris : problèmes avec la justice, usurpation de nom, mes enfants ne seraient pas les miens, je ne suis pas moi, le véritable Diahou serait mort depuis 2000, problèmes avec le fisc, avec des Ordres dont je ne suis aucunement membre, (Je suis Biologiste, membre de la Société Française d'Ethnopharmacologie et Ecrivain) Ce sont quelques amis inquiets qui m’ont approché afin de vérifier l’information. J’ai pu les rassurer en leur expliquant la raison de ma décision : j’ai un chondrosarcome, cancer rare et grave de l’os du bassin, contre lequel je lutte depuis 2008… Couteau entre les dents, j'ai engagé un combat à mort contre la faucheuse, sans peur, (Non, la mort ne fait pas peur!) avec le sourire et dérision parfois. Il m'arrive de chuter. mais je me relève toujours. Cela est une réalité. La seule ! Et je n’en pleurniche pas, ni ne réclame pitié. Je vis ma légende et suis les chemins de ma vie... La maladie m’avait tenu éloigné de mon laboratoire, et de mes patients. A 56 bientôt, j’ai juste pris la décision de prendre une retraite anticipée, de m’occuper un peu de moi, de mes plus jeunes enfants, et d’aider ceux qui réclament mes services, par internet, à partir de mes sites web. J’ai donc pris tout ça avec beaucoup de hauteur et d’humour.
La jalousie et la haine sont toujours à la base des rumeurs infondées. Aussi méchante et grave soit-elle, aucune preuve ou justification ne peut l’enrayer. Même pas un procès de tribunal. Plus on s’acharne à se justifier, et plus on alimente les braises qui couvent. Les commérages sont devenus la seule raison de vivre de nombreuses personnes. Leur carburant est la fiente qu'elles produisent. Il serait cruel de les en priver. Quand un chien aime les poubelles, il faut lui présenter des poubelles pleines de saletés. Vous lui offrirez tant de joie. Jouissif! La dérision est la meilleure des réactions. Parfois, j’en rajoute moi-même un peu, en grossissant les choses. (Alors, j’entends : « Il va mourir, c’est une loque ! » Ou « Il est mort »). Et le lendemain, me voila, posant dans une piscine d'eau de mer, à Assouindé en compagnie de personnes qu'elles connaissent très bien... Quand les bruits qui courent n’ont plus aucune prise sur un individu, ils ne peuvent que s’éteindre d’eux-mêmes, comme un feu privé d’oxygène. Et puis, j’aime bien. On ne jette pas une pierre à un arbre sans fruits… Chant : La rumeur est dans le pré. Laissez la courir. Laissez la courir. La rumeur est dans le pré. Laissez la courir. Elle va finir par filer.
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